neuropathies périphériques inflammatoires

Les neuropathies périphériques inflammatoires regroupent un spectre de pathologies touchant le système nerveux périphérique, c’est-à-dire l’ensemble des troncs nerveux issus de l’encéphale et de la moelle épinière constituants du système nerveux central. S’il s’agit de pathologies inflammatoires dont les mécanismes peuvent être pour certains rapprochés de la sclérose en plaques, il s’agit de maladies différentes par leurs cibles tissulaires et leurs manifestations.

En dehors du syndrome de Guillain-Barré aigu, les neuropathies périphériques inflammatoires sont plus souvent chroniques. Elles entrainent des retentissements importants sur le plan moteur et sensitif, sources d’incapacité et de handicap chroniques. À l’instar des autres pathologies inflammatoires, leur approche thérapeutique médicamenteuse utilise les immunomodulateurs et les immunosuppresseurs, c’est-à-dire des médicaments diminuant l’activité trop importante du système immunitaire. Il s’agit entre autres des corticoïdes et des immunoglobulines.

Le diagnostic des neuropathies périphériques inflammatoires nécessite toujours la réalisation d’un électroneuromyogramme. Il s’agit d’un examen utilisant des stimulations électriques, au moyen d’électrodes posées sur la peau, des nerfs de la sensibilité et de la motricité sur les membres supérieurs et inférieurs. Une partie de l’examen nécessite des contractions volontaires enregistrées au moyen d’une électrode sous forme d’aiguille insérée dans le muscle.

L’examen du liquide céphalorachidien est régulièrement réalisé par une ponction lombaire.

Enfin, des IRM des nerfs sont possibles, mais réalisées dans des cas incertains dans les centres spécialisés.

Le syndrome de Guillain Barré

La neuropathie périphérique inflammatoire la plus fréquente est la polyradiculonévrite aigüe ou syndrome de Guillain-Barré. Ces dernières années, de nouvelles formes de ce syndrome ont été rapportées. On distingue désormais les formes classiques démyélinisantes et les formes motrices pures et sensitivomotrices axonales. La cible du système immunitaire est la gaine de myéline du nerf dans les formes démyélinisantes, et la fibre nerveuse directement pour les formes axonales. On rapproche des polyradiculonévrites, le syndrome de Miller-Fisher (voir ci-dessous).

Ces différentes formes de polyradiculonévrites sont associées à la présence d’anomalies immunologiques différentes détectables pour certaines dans le sang. Le syndrome de Guillain-Barré est souvent secondaire à un évènement infectieux (infection au virus d’Epstein-Barr, au cytomégalovirus, diarrhées à Campylobacter jejuni).

Le syndrome de Guillain Barré évolue en trois phases de progression, de plateau et de récupération des déficits. La phase de progression est marquée par l’apparition de troubles de l’équilibre et d’une diminution de la force dans les membres inférieurs et supérieurs et est fréquemment associée à des douleurs. Il peut également apparaitre des difficultés déglutition et respiratoires qui en font toute la gravité. La gravité est variable, mais nécessite dans tous les cas une hospitalisation en urgence. Un tiers des patients est capable de poursuivre la marche, un tiers des patients ne peut que rester assis ou alité, et un tiers des patients ont besoin d’une assistance respiratoire en réanimation.

La phase de plateau est marquée par la stabilité des déficits et est de durée variable, avant une phase de récupération qui peut parfois être très lente et laisser des séquelles motrices ou de la sensibilité et de l’équilibre dans 10 à 15 % des cas.

Les polyradiculonévrites chroniques

Les polyradiculonévrites chroniques (ou polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique) sont, pour simplifier, les formes chroniques du syndrome de Guillain-Barré. Il s’agit d’une neuropathie périphérique inflammatoire le plus souvent sans cause trouvée (idiopathique). Elles sont marquées par une atteinte neurologique de la sensibilité et de la motricité. La symptomatologie sensitive des pieds, des jambes voire des cuisses, ainsi que des mains peut toucher également les avant-bras et les bras.

Les sensations sont marquées par des engourdissements, des impressions de peau cartonnée, de serrement, de marcher sur du coton ou des galets. Des douleurs sont possibles. On observe fréquemment des troubles de l’équilibre (ataxie). Le manque de force atteint les membres inférieurs et les membres supérieurs. Le manque de force peut s’accentuer à l’effort. Cela impacte le port de charges lourdes, la course, la marche.

Les polyradiculonévrites chroniques peuvent évoluer de façon chronique avec progression des difficultés ou de périodes de stabilité entrecoupées des rechutes. Elles nécessitent le plus souvent de traitements répétés. Il s’agit d’immunoglobulines intraveineuses réalisées à intervalles réguliers, ou de corticoïdes. Plus rarement des échanges plasmatiques ou des immunosuppresseurs peuvent être réalisés.

Leur diagnostic est posé sur la base d’une histoire et d’une évaluation clinique, d’un électromyogramme permettant l’étude de la conduction de l’influx nerveux, et très fréquemment d’un examen du liquide céphalorachidien au moyen d’une ponction lombaire.

Plus récemment, un groupe de polyradiculonévrites a été individualisé appelé nodopathies. Cela signifie littéralement pathologie du nœud de Ranvier. Le nœud de Ranvier est la structure du nerf myélinisé où s’effectue le passage de l’influx nerveux. Elles ont été appelées nodopathies depuis la découverte d’anticorps spécifiques dirigés contre des molécules du nœud de Ranvier (anti-contactine et anti-neurofascine) expliquant ainsi la pathologie.

Le syndrome de Guillain Barré évolue en trois phases de progression, de plateau et de récupération des déficits. La phase de progression est marquée par l’apparition de troubles de l’équilibre et d’une diminution de la force dans les membres inférieurs et supérieurs et est fréquemment associée à des douleurs. Il peut également apparaitre des difficultés déglutition et respiratoires qui en font toute la gravité. La gravité est variable, mais nécessite dans tous les cas une hospitalisation en urgence. Un tiers des patients est capable de poursuivre la marche, un tiers des patients ne peut que rester assis ou alité, et un tiers des patients ont besoin d’une assistance respiratoire en réanimation.

La phase de plateau est marquée par la stabilité des déficits et est de durée variable, avant une phase de récupération qui peut parfois être très lente et laisser des séquelles motrices ou de la sensibilité et de l’équilibre dans 10 à 15 % des cas.

Syndrome de Lewis Sumner

Les neuropathies sensitivomotrices à blocs de conduction (neuropathie de Lewis-Sumner, neuropathie acquise multifocale sensitivomotrice démyélinisante [MADSAM] ou neuropathie démyélinisante multifocale) sont des neuropathies démyélinisantes inflammatoires chroniques. On les rapproche des polyradiculonévrites chroniques par leur mécanisme démyélinisant. Elles ont une présentation clinique par contre très particulière, touchant principalement les membres supérieurs, souvent de façon asymétrique. Leur approche thérapeutique est similaire à celle des polyradiculonévrites chroniques.

La démarche diagnostique des neuropathies sensitivomotrices à blocs de conduction est identique à celle des polyradiculonévrites chroniques.

Neuropathies motrices multifocales

Les neuropathies motrices multifocales à blocs de conduction persistants sont des formes rares de neuropathie périphérique inflammatoire chronique. Elles sont purement motrices et touchent fréquemment le membre supérieur, en particulier la main. Elles sont associées à la présence dans le sang d’anticorps anti-GM1.

Ces anticorps vont se fixer sur le nerf et bloquer la conduction nerveuse. Le diagnostic est également réalisé par l’électromyogramme qui montre les perturbations de l’influx nerveux (blocs de conduction). Il s’agit également d’une neuropathie chronique pour lequel le traitement actuel repose sur les immunoglobulines intraveineuses.

Syndrome de Miller Fischer

Le syndrome de Miller-Fisher est une forme rare de neuropathie inflammatoire que l’on rapproche du syndrome de Guillain Barré en raison de son caractère aigu et réversible. Il est moins grave que le syndrome de Guillain Barré.

Il associe des troubles de l’équilibre (ataxie) et des troubles oculomoteurs qui conduisent à avoir une vision double (diplopie). Les anticorps anti-GQ1b sont très spécifiques du syndrome de Miller Fisher. Leur présence dans le sang affirme le diagnostic. L’évolution est très habituellement favorable.

Neuropathies associées aux dysglobulinémies

Les dysglobulinémies sont des anticorps présents en excès dans le sang. Elles peuvent être associées à différentes maladies. En ce qui concerne les neuropathies périphériques inflammatoires, on en distingue principalement deux.

La neuropathie à IgM monoclonale à activité anti-MAG.

Elle débute rarement avant l’âge de 50 ans et souvent au-delà de 70 ans. Elle n’est pas toujours handicapante, mais est responsable d’ataxie, donc de troubles de l’équilibre, associée à un tremblement, ce qui peut passer inaperçu chez le sujet âgé ou être rapporté à tort à une autre cause. Le déficit moteur touche principalement les membres inférieurs et est de sévérité variée. Le diagnostic est également évoqué par l’étude de la conduction nerveuse par un électromyogramme.

Celui-ci montre des anomalies démyélinisantes (atteinte de la gaine de myéline). Le diagnostic est confirmé par la détection des anticorps anti-MAG et l’IgM monoclonale. La MAG (pour myelin associated glycoprotein) est une protéine de la myéline du nerf périphérique. IgM monoclonale signifie la présence d’une dysglobulinémie, c’est-à-dire la présence en excès d’un type particulier d’anticorps dans le sang. Si l’IgM est en quantité importante dans le sang, elle peut être en rapport avec une pathologie hématologique qui nécessitera une prise en charge propre.

Le CANOMAD

Plus récemment, une forme de neuropathie sensitive ataxiante, habituellement progressive, démyélinisante, associée à une ophtalmoplégie, une IgM monoclonale, et une augmentation de la vitesse de sédimentation, a été identifiée sous l’acronyme CANOMAD (Chronic Ataxic Neuropathy Ophthalmoplegia M-protein Agglutination Disialosyl antibodies).

Ce terme complexe veut représenter une neuropathie périphérique responsable de troubles de l’équilibre (ataxie) et des troubles oculomoteurs entrainant une vision double (diplopie). Cela ressemble à un syndrome de Miller-Fisher, mais avec une évolution chronique nécessitant donc un traitement spécifique. Il peut également exister des déficits moteurs en particulier des membres inférieurs. C’est une forme très rare de neuropathie périphérique inflammatoire.

QUE FAIT SINDEFI POUR LES PERSONNES CONCERNÉES PAR UNE NEUROPATHIE PÉRIPHÉRIQUE INFLAMMATOIRE

– Encadrement de perfusions d’immunoglobulines à domicile à partir d’un protocole élaboré par les neurologues du réseau : informations sur le protocole de soin et consignes sécuritaires
– Missionner un prestataire de matériel médical à domicile ayant signé une charte de qualité
– Lien avec la pharmacie hospitalière
– Informations sur le traitement et les consignes sécuritaires auprès de l’infirmier libéral réalisant les perfusions
– Suivi : contrôle biologique pré et post-cures d’immunoglobulines en lien avec le neurologue prescripteur

– Soutien psychologique ponctuel (patient et proche aidant) sur une problématique en lien avec la maladie

– Informations sur les droits et démarches sociales en lien avec la maladie

– Orientation vers des ressources spécialisées selon les besoins : kinésithérapeutes, médecin généraliste, infirmier libéral…

Programme d’éducation thérapeutique du patient en visioconférence, en partenariat avec le Centre de Référence neuromusculaire du CHU Henri Mondor et l’AFNP ouvert à tout patient, quelle que soit son équipe médicale
– 7 ateliers en 8 séances
– 2 ateliers socles
– 5 ateliers optionnels

Comprendre l’éducation thérapeutique

Programme d’éducation thérapeutique ‘’Mieux vivre avec une neuropathie périphérique’’